GILLES CARON – Chorégraphie de la révolte
GALERIE: SCHOOL OLIVIER CASTAING, Paris
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Les fenêtres du quartier latin sont comme des rangées de témoins d’une jeunesse en ébullition, agie par un « c’est possible » aux velléités structurelles. Combien de jeunesses ? Combien de silhouettes à contre CRS ont-elles regardé traverser les nuages de lacrymogènes, transpercé les canons à eau, et brandir le pavé comme un dernier cri ? Celui-là même qui changera le monde, enfin.
Dans une ville sans ciel, un chevalier, bâton à la main, suivi par ses quatre comparses et d’autres que l’on devine, sous la présence protectrice des arbres et de la signalisation parisienne, part à l’assaut du Léviathan.
La tristesse, que j’éprouve devant ces ombres téméraires, transpire la résignation.
Des éclats d’utopie en forme de pavés clairsement le boulevard.
Ces silhouettes sont rendues à notre regard comme des fantômes, gardiens d’idéaux déchus.
Pourtant, ce noir et blanc, qui sacralise si bien la beauté du révolus, déclenche en moi une admiration jalouse et le sentiment à vif d’un « c’est possible » inassouvi. J’ose croire que cette photographie suspend un élan de courage dans l’éternel, une quête de liberté à l’orée des fenêtres closes.
Tamara Al-Saadi