Photographies sonores
Le jeudi 19 octobre sur Radio Nova, Ariel Wizman a présenté la photographie de Foc Kan "Les Bains".
"Ce sont des êtres bien réveillés, très tard, happés par un cyclone dont l'oeil était une table, bruyante, avec du champagne dessus et un hôte hilare, Claude Challe, qui y jouait au grand Diable ordonnateur. Le Bar des Bains, en haut. On s'y bousculait, comme électrisés, superposés, balançant des vanités, squattant un verre, se tortillant sans raison, ou fuyant les serveurs, qui vous suivaient de l'œil et finissaient par vous demander ce que vous vouliez boire. Nos mains, qui venaient d'effleurer le torse de Iggy Pop, ou serrer celle d'un Jack Nicholson semi-inconscient, se crispaient dans nos poches sur notre dernier biffeton. Allez, un Gin Tonic. Dans l'oeil du cyclone, les petites robes noires, qui venaient de s'imposer comme emblèmes de la parisienne libérée, faisaient contraster la chair, glorieuse, des décolletés. On les croyait alors éternels, les petits fourreaux. Leur graphisme était décidément parfait sur les pulpeuses, les toniques sans fitness, les parfaites sans scalpel, les acharnées de la danse, pâmées comme des poupées tordues, prêtes à finir en culotte devant le ventilateur, sur un mambo revisité par Kid Creole, ou un "Kiss" de Prince joué deux fois de suite par Philippe Krootchey. De quoi ce bonheur était-il le nom ? Il était le nom de nos marges, de notre temps libre, de notre tabagie, de nos mélanges, de la rareté des choses que nous aimions, de notre liberté sexuelle, de notre goût de plaire. Tout ça finissait aux Bains, et on voulait alors croire, certaines nuits, que Les Bains, eux, étaient un bonheur qui ne finirait jamais. "
Retrouvez les enregistrements de toutes les émissions sur notre chaîne SoundCloud .
"Les Bains" de Foc Kan par Ariel Wizman
Le jeudi 19 octobre sur Radio Nova, Ariel Wizman a présenté la photographie de Foc Kan "Les Bains".
"Ce sont des êtres bien réveillés, très tard, happés par un cyclone dont l'oeil était une table, bruyante, avec du champagne dessus et un hôte hilare, Claude Challe, qui y jouait au grand Diable ordonnateur. Le Bar des Bains, en haut. On s'y bousculait, comme électrisés, superposés, balançant des vanités, squattant un verre, se tortillant sans raison, ou fuyant les serveurs, qui vous suivaient de l'œil et finissaient par vous demander ce que vous vouliez boire. Nos mains, qui venaient d'effleurer le torse de Iggy Pop, ou serrer celle d'un Jack Nicholson semi-inconscient, se crispaient dans nos poches sur notre dernier biffeton. Allez, un Gin Tonic. Dans l'oeil du cyclone, les petites robes noires, qui venaient de s'imposer comme emblèmes de la parisienne libérée, faisaient contraster la chair, glorieuse, des décolletés. On les croyait alors éternels, les petits fourreaux. Leur graphisme était décidément parfait sur les pulpeuses, les toniques sans fitness, les parfaites sans scalpel, les acharnées de la danse, pâmées comme des poupées tordues, prêtes à finir en culotte devant le ventilateur, sur un mambo revisité par Kid Creole, ou un "Kiss" de Prince joué deux fois de suite par Philippe Krootchey. De quoi ce bonheur était-il le nom ? Il était le nom de nos marges, de notre temps libre, de notre tabagie, de nos mélanges, de la rareté des choses que nous aimions, de notre liberté sexuelle, de notre goût de plaire. Tout ça finissait aux Bains, et on voulait alors croire, certaines nuits, que Les Bains, eux, étaient un bonheur qui ne finirait jamais. "
Retrouvez les enregistrements de toutes les émissions sur notre chaîne SoundCloud .